BILAN 2022 DU LABFAB
LabFab étendu

I – RAPPEL SUR LE LABFAB ET LE MODÈLE RENNAIS, SA GENÈSE ET LES ENJEUX DE LA FABRICATION NUMÉRIQUE 

a – La création du LabFab et son développement : 

Fondé il y a donc 10 ans !, en 2012 à l’initiative d’un collectif de structures pluridisciplinaires (l’École Européenne des Arts de Bretagne, la Ville de Rennes, Rennes Métropole, l’Institut Mines Télécom, la Région Bretagne, l’association Bug, …), le LabFab est le projet collaboratif de Laboratoire de Fabrication Numérique sur le territoire de Rennes Métropole et même au-delà. C’est un projet à la fois local et global : structuré en réseau de lieux au niveau local, il est reconnu et fédéré comme FabLab sous la charte internationale des FabLabs, émise par le Massachusetts Institute of Technology (MIT) et coordonnée par la FabFondation. 

D’abord animé localement par des événements (comme « Les étés TIC de Bretagne » ou « Imagine Construit« ) et en ligne (les MooC avec des dizaines de milliers de participants), le LabFab s’est concrétisé en 2012 par l’ouverture d’un premier espace au public au sein de l’EESAB. Le LabFab s’est ensuite étendu sur le territoire métropolitain avec l’ouverture de nouveaux lieux à partir de 2013, au sein de la Maison des Associations avec l’animation de l’association Bug puis dans les équipements de quartiers de la Ville de Rennes, puis l’ouverture d’espace dans les établissements d’enseignement supérieurs, des associations, des acteurs économiques, … 

Organisé par ses membres, et avec l’accompagnement facilitateur de Rennes Métropole, la marque ” LabFab” avec son logo en licence libre (CC-BY-SA) a été rapidement reconnue dans les communautés de Makers (ingénieux qui pratiquent les espaces de fabrication numérique). 

L’accompagnement quotidien de Rennes Métropole et de la Ville de Rennes a été un élément moteur, par exemple le soutien aux organismes membres pour des événements ou l’achat de matériel. Ainsi, en accompagnant le développement et la stratégie construite dès le départ, le LabFab s’est révélé être un élément singulier et déterminant du projet de territoire en transformation avec le numérique pour Rennes Métropole. Ce mode « par le faire » qui construit la stratégie du LabFab vaut plus encore aujourd’hui au regard des contraintes environnementales et sociales renforcées qui demandent agilité et altruisme. Cette stratégie est rediscutée régulièrement avec ses membres, eux-mêmes très au fait des projets portés sur notre territoire. Elle a tracé quatre axes qu’il est toujours utile de rappeler notamment aux nouveaux entrants afin de les inscrire dans la production de communs.

Quelques dates du développement du LabFab étendu : 

  • 2012 : Création du LabFab de l’EESAB, premier LabFab rennais, convention de partenariat avec Rennes Métropole ;
  • 2013 : L’association Bug est lauréate de l’AAP FabLab de l’État (200 000€), et développe un nouveau LabFab au sein de la Maison des Associations (2 LabFabs sur le territoire) ; Accompagnement à l’ouverture d’un LabFab à Hué (Vietnam) ville jumelée avec Rennes dans le cadre d’une coopération sur la francophonie ;
  • 2014 : Équipement d’Espaces Publics Numériques en équipements de fabrication numérique (coordination par l’association Bug) ; Ouverture d’un LabFab sur Bruz (domaine de l’Etrillet, structure privée) ; Ouverture du LabFab de l’Epitech (école post bac) ;
  • 2014 : Mise en ligne des 1ers MooC Fabrication Numérique avec le LabFab de l’IMT ; 
  • 2015 : Conception et animation d’un ReMix: MaisonMix (thème : vieillir à domicile avec les objets connectés) ;
  • 2016 : L’Université Rennes 1 avec l’Université Bretagne Loire ouvre un LabFab sur le campus de Beaulieu (PNRB) ; Constitution de l’Association LabFab ;
  • 2017 : Ouverture de l’EduLab Rennes 2 sur le Campus de Villejean (PNRV) ; Ouverture de la Volumerie (LabFab sur la commune de Broons, Côte d’Armor) ; 1ers partenariats sur projets avec des grands groupes (Enedis, Leroy Merlin) ;
  • 2018 : Ouverture de l’Atelier Commun, de l’Atelier Partagé de Betton ; 
  • 2019 : Rennes Métropole reconnue FabCity ; Le MobilLab du Blosne est lauréat de l’AMI Fabrique de Territoire ; 
  • 2020 : Lancement de Comme un Etabli, LabFab dédié à l’artisanat, et de l’EduLab Pasteur, spécialisé dans la pédagogie ; Coordination de la “riposte créative” suite au confinement de la première vague du COVID-19 pour fabriquer des masques de protection (impression 3D, couture, …) à l’échelle de la Bretagne ; référent du réseau Français des FabLabs en Bretagne ; 
  • 2021 : Co-organisation de l’événement FabCity accueilli par Montréal, en distanciel depuis depuis un studio installé à la Maison des Associations ; Participation des membres du LabFab à une fresque du Numérique (l’une des premières jouées à Rennes) ; Animation d’ateliers au Forum Européen de la réalité virtuelle à Concarneau ; Montage et co-animation du collectif Numérique Responsable de la FrenchTech Le Poool sur Rennes – Saint Malo ;
  • 2022 : Organisation et participation à de nombreux évènements à destination du grand public, d’enfants, ou alors des filières du réemploi ou de l’énergie, …
    À date, 22 lieux coopèrent au sein du LabFab étendu de Rennes Métropole. De nouveaux partenaires dans toute leur diversité sont pressentis : le « For Me Lab » de Vitré travaille avec le réseau du LabFab et souhaite rejoindre le réseau du LabFab, des discussions sont en cours avec MakerSpace56, Les Petits Débrouillards, The Land, Le Repair Café Leroy Merlin, l’Institut de Design de St Malo, etc.

Ce modèle de lieux distribués et coordonnés par la collectivité (à l’échelle intercommunale en lien avec la Région et les Départements) reste encore, à date, unique en France ; d’autant plus par la nature diverse des structures qui y coopèrent : collectivité, universités, associations, entreprises. Des réseaux régionaux sont en structuration en France (le RedLab en Région Occitanie par exemple, ou le Réseau Français des FabLabs au niveau national), mais ils restent pour l’heure animé par leur membre, et les liens aux collectivités et aux politiques locales restent à construire. 

La Bretagne est une région avec une des plus forte densité de FabLabs et une coopération entre les acteurs impliqués. N.Friant en est le référent régional du Réseau Français des FabLabs et R.Chefdor partage régulièrement son expertise auprès de FabLabs en Bretagne. 

Dans sa diversité, le LabFab produit des communs sur le territoire :

La coordination par Rennes Métropole de ce réseau permet le développement de projets, avec l’entrée de nouveaux acteurs, et donc de nouveaux lieux, souvent spécialisé sur une thématique (filière du réemploi, filière du bois-métal, pédagogie, …). Ainsi, elle doit permettre la complémentarité à l’échelle locale avec les autres LabFab. Les modèles économiques de ces lieux sont ainsi non concurrentiels entre eux. Surtout, ces dynamiques doivent permettre d’élaborer un modèle économique territorial global : l’ensemble des lieux bénéficiant de liens aux politiques publiques sectorielles, mais aussi en développant des liens avec les entreprises et les acteurs économiques du territoire (artisans, PME, grand groupes, …). La recherche et l’enseignement fait partie de cette boucle vertueuse. 

Cette coordination, qui s’appuie sur une charte locale co-signée entre Rennes Métropole et les structures hébergeant les ateliers qui deviennent ainsi membres du LabFab. Cela permet de partager des moyens (machines, matières, énergie, espaces, temps) dans une économie plus axée sur la fonctionnalité, de garantir un niveau homogène de services entre tous les lieux, de monter collectivement en compétence et surtout, très concrètement d’assurer dans chaque lieu, à minima, 4 heures hebdomadaires d’ouverture à tous les publics, appelées “OpenLabs”.

b – La structuration et la gouvernance du LabFab étendu

Le LabFab s’est structuré au travers d’une association de FabManagers, fondée en 2016. Cette association est un souhait des FabManager.euse.s permettant à la fois de répondre de manière collective à des partenariats, mais aussi facilitant la commande groupée d’équipements spécifiques à l’étranger.

En complément de la coordination par Rennes Métropole du LabFab étendu, cette association, avec sa gouvernance propre, permet d’être un relai et un outil pour la coordination des activités du LabFab. Le Bureau de cette association regroupe Bérengère Amiot, designeuse (issue de l’EESAB), Laurent Mattlé, FabManageur de l’Institut Mines Télécom Atlantique, Richard de Logu, directeur de l’association Bug et Baptiste Gaultier, chercheur à l’IMT. C’est, par exemple, l’association qui porte les partenariats avec les acteurs du territoire (ENEDIS, Leroy Merlin, Labo de recherche, …), afin d’impliquer l’ensemble des FabManagers dans les projets et ces partenariats. Cette association facilite ensuite la mutualisation des ressources (machines, temps humain, espaces, …) et valorise avec un facteur d’échelle la mise en œuvre des projets portés par les FabManagers.

Cette structuration à trois têtes permet une approche participative, engageant les lieux et les FabManagers dans le développement du LabFab étendu : 

  • Les LabFabs animent et développent les communautés de Makers (dans leurs diversités) sur le territoire, des projets et des ateliers ;
  • L’association LabFab peut leur donner des moyens leur permettant de développer des ateliers ou des animations portées avec plusieurs LabFabs, et aux LabFabs de se concerter et se coordonner afin de développer des partenariats avec des acteurs du territoire ; 
  • Rennes Métropole accompagne ce développement, par une coordination des projets et des évènements, un soutien technique aux réponses aux appels à projets ou aux partenariats, et le développement de liens aux politiques publics.

À titre d’exemple, le Service Numérique de Rennes Métropole a proposé au LabFab Managers une fresque du numérique courant 2021, donc ceux-ci ont été dans les premiers « fresqueurs ». Héloïse Dano (EcoloGeek) a animé ce moment d’acculturation et de partage sur un sujet qui est déjà ancré dans les fondamentaux du LabFab. Depuis, des fresques du numérique se sont diffusées auprès des membres et publics des LabFabs. Dans le cadre de son « Défi écologique » , Rennes Métropole a également mis en œuvre des séances de fresques du numérique pour ses collaborateurs, et l’arrivée d’une Cheffe de projet Numérique Responsable, Sophie Provost a aussi accéléré cette démarche. 

Le LabFab n’a pas vocation à « industrialiser » un programme de fresques. Il s’agissait de participer et soutenir le lancement de cette démarche et d’en être prototypeurs dans la logique de fonctionnement des FabLabs. Néanmoins, cette démarche étant lancée, il est intéressant de voir son modèle de diffusion et d’en chercher d’une part des modèles collaboratifs (au-delà de la fresque comme un « produit » ce qui serait une trajectoire de comète….and don’t look up !) et d’autre part, des actions à concrétiser (….Les cartes vertes de la fresque, celles sur lesquelles on s’engage :-). Sur ce 2e point, le LabFab sait apporter ses capacités de mise en œuvre.

c – Les partenariats nationaux et internationaux du LabFab étendu

Le LabFab est reconnu au niveau national et s’inscrit dans le principal réseau français qui fédère les FabLabs : le Réseau Français des FabLabs (RFFLabs). Celui-ci organise des échanges entre les porteurs de projets de FabLabs et fait le lien avec les instances nationales qui conçoivent et lancent des appels à projets. C’est par exemple le cas, dans le cadre de la construction de l’actuel appel à projet « Manufacture de Proximité » lancé par l’Agence Nationale pour la Cohésion des Territoire (ANCT), où le RFFLabs a participé à l’élaboration de l’Appel à Projet avec les services de l’État. Depuis 3 ans, le RFFLab continue sa structuration, par le biais notamment de Groupes de Travail thématiques (écologie, communication, …) et participe par exemple au volet des FabCities et FabRégions, avec une co-animation avec les acteurs français, dont ceux situés sur Rennes Métropole, à FabFrance, pour regrouper et partager les expériences de l’ensemble des territoires impliqués 

De par son antériorité, le LabFab partage son expérience au sein du RFFLabs depuis 2021 : d’abord dans les groupes de travail organisés par le RFFLabs et particulièrement sur les sujets d’écologie. Le LabFab est aussi un membre actif dans le cadre de la coordination et l’animation du réseau des FabCity et des FabRegion françaises : FabFrance. La participation des membres du LabFab et du coordinateur du réseau permet de partager les dynamiques et des problématiques rencontrées par les acteurs au niveau national. Aussi, le LabFab est l’interlocuteur privilégié depuis 3 ans du RFFLabs en Bretagne : le LabFab anime la coordination des FabLabs bretons pour le Réseau (avec une trentaine de FabLabs actifs en Bretagne). Enfin, depuis cette année, le LabFab est représenté au Conseil d’Administration du Réseau, afin de développer encore les coopérations et développer ce réseau en France.


L’ensemble de ces implications et le travail de mise en réseau sont fondamentaux pour le réseau national et aussi pour le LabFab pour porter à une autre échelle son modèle. Le 2 Mai dernier, la Chargée de Mission du RFFLabs, Constance Garnier, est venue en voyage d’étude à Rennes, afin de développer les liens et projets entre les acteurs nationaux et les acteurs locaux.

À l’international aussi, le LabFab est acteur et reconnu : au travers notamment de la FabCity et des contributions rennaises au sein de ce réseau. Depuis la charte initiale du MIT (Boston), puis le réseau des FabCities, Rennes Métropole a été reconnue grâce à son LabFab et son mode de gouvernance polycentrique. Aujourd’hui, la charte FabCity prend encore plus tout son sens pour défendre des modèles plus résilients pour les territoires et donc un numérique plus responsable 

Les pratiques des FabLabs sont très inspirantes pour des nouveaux modèles plus sobres. Ils rendent concrets avec des prototypes fabriqués avec des habitants et acteurs locaux la recherche de solutions face à aux grands enjeux. Avec ce réseau FabCity, le LabFab échange régulièrement avec d’autres Métropoles engagées sur le numérique comme Barcelone ou Montréal à l’international, ou des territoires français actifs comme Toulouse ou Paris (dans le cadre d’échanges entre FabCities et FabRégions françaises, voir ci-après). Ces échanges se sont notamment concrétisés par une intervention co-organisée avec les acteurs et RFFLabs à la Caisse des Dépôts et Consignations en Mars 2022, où l’ensemble des territoires français ont pu présenter leur approche et les projets concrets qui peuvent structurer les FabCity françaises, et inspirer les territoires présents (une 30aine de présents en ligne). Aussi, ces échanges au niveau international ont pu se traduire cette année par la présence de l’association Bug dans la délégation rennaise qui s’est rendue à Montréal en Octobre 2022, leur permettant d’échanger avec Communautique, l’équipe en charge de l’animation de la FabCity Montréal.

II – La situation du LabFab étendu et des membres en 2022

a – Les projets du LabFab

Après une année 2021 marquée par des confinements successifs, un ralentissement des activités, et l’annulation de nombreuses animations, l’année 2022 a été une année de transition pour certains LabFab, et surtout une année pleine d’évènements et de projets. Les membres du LabFab se rencontrent régulièrement durant le « Midi du Labfab » généralement le 2e mardi de chaque mois dans un FabLab, et bien évidemment durant toute l’année sur les projets et événements montés en commun. 

L’année 2022 du LabFab de l’EESAB est une année de transition, où l’équipe gestionnaire du LabFab a changé. La Directrice de l’école, Odile Le Borgne qui a porté depuis sa création le LabFab a quitté ses fonctions vers d’autres projets. Cette étape est donc l’occasion de revisiter le projet de LabFab intégré à l’EESAB avec des porosités sur le territoire. L’ensemble du développement du lieu est en cours d’élaboration. Les activités en 2022 ont d’abord consisté à re-développer la fabrication numérique auprès des élèves de l’école. Un parcours d’enseignement de la fabrication numérique a ainsi été proposé aux étudiants sur le premier Semestre, en s’appuyant sur les briques d’enseignement développées avec l’IMT dans le cadre du MooCs sur la modélisation 3D. Durant cette période de transition, les OpenLabs ont été maintenus, permettant l’accueil du public et la médiation.

Le LabFab de la Maison des Associations, animé par l’association Bug, accueille le grand public lors des OpenLabs tous les mercredi et samedi. Ces temps ont pu avoir un déficit d’audience en début d’année, pouvant s’expliquer par une baisse de la fréquentation de la Maison des Associations, et aussi dans la communication et l’éditorialisation des activités du LabFab- qui sont à revoir (cf propositions). Afin de développer le lieu et les pratiques, l’association Bug a continué le développement de contenus vidéos, contribuant à la chaîne Youtube, et en développant l’audience du LabFab étendu. C’est une dizaine de vidéos qui ont été réalisées et postées cette année, mettant en valeur les projets du LabFab étendu (l’usage de la brodeuse numérique ou la construction du ViKart – kart réalisable en FabLabs car documenté en licence libre) et aussi en proposant une restitution des évènements forts de l’année du LabFab étendu. Certaines vidéos atteignent plus de trente mille vues. Toujours dans le but de développer les pratiques et le prototypage dans des enjeux du territoire, l’association Bug a proposé l’organisation de deux évènements phares pour le LabFab étendu : ReCycle en mars 2022, un marathon créatif de type ReMix sur les boucles circulaires du textile et de l’électronique, et Fabrique! en septembre. Cet évènement marque la reprise d’un format ouvert pour un large public autour de la fabrication numérique. Enfin, dans le cadre de l’animation des Espaces Publics Numériques rennais, l’association Bug coordonne les LabFabs dans les quartiers rennais : Maison de Quartier La Touche, Maison de Quartier La Bellangerais, MJC Villejean, Grand Cordel MJC, le MobiLab de la Maison des Squares, … Il s’agit de leur apporter des éléments communs et de les connecter à des projets et compétences qui ont pu être identifiés dans le réseau. De ce fait, BUG a pu apporter sa contribution avec d’autres parties prenantes, à l’élaboration de la charte de la vie associative sur la Ville de Rennes. Ces LabFabs ont pu se développer au cours de cette année, au travers de l’acquisition de nouveaux équipements (la Maison de Quartier La Bellangerais a acquis une découpeuse laser par exemple), mais aussi, concevoir et réaliser des projets communs (bornes d’arcades, capteurs CO2, …), permettant la constitution d’un socle commun de compétences et ainsi une montée en compétence des FabManagers et des usagers de ces lieux. Cet apprentissage collectif est un marqueur fort du LabFab. On peut le qualifier de capital social car les effets bénéfiques sont directement induits sur le territoire pour les habitants et acteurs locaux (associations, enseignement, entreprises, …).

Grande fierté pour le LabFab d’être mis à l’honneur sur Instructables : https://www.instructables.com/Labfabs-CO2-Sensor/ 

Article sur le site du LabFab : https://labfab.fr/blog/le-nouveau-capteur-co2-a-l-honneur-chez-instructables

Le MobiLab, lauréat de l’AMI Fabrique de Territoire en 2020, est passé à l’action durant 2022, avec un accueil public renforcé et une animation hybride : à la fois en mobilité et dans un local en bas des immeubles, à proximité de la Maison des Squares. Dans la continuité de 2021, des ateliers en partenariat avec les structures du quartier du Blosne (le Crabe Rouge, Carrefour 18, l’ALSH, les Petits Débrouillards, l’école St Armel, Code 404, etc.) ont été portés, afin de développer les pratiques sur le quartier. Des évènements ont été imaginés, afin de développer les pratiques, comme le hackathon Re-Lire, envisagé sur l’été 2022. Malgré ces belles preuves par l’usage, ce projet MobiLab n’a pas trouvé son modèle économique. Des perspectives et des formes de financement du projet sont à imaginer pour 2023, alors que le dispositif rentrera au sein du Polyblosne, nouvelle structure du quartier du Blosne. 

L’EduLab Rennes 2 a proposé sur l’année un ensemble d’ateliers sur les outils et les pratiques de la Fabrication Numérique (découpe laser, impression 3D, Arduino, …) en plus des OpenLabs qui se sont déroulés les mercredi après-midi. L’EduLab Rennes 2 a aussi su proposer de nombreux évènements : des gamejams, des hackathons et la seconde édition de l’évènement POCL (Petit Objet Connecté et Ludique). Ces évènements dans leur ensemble ont réuni des étudiants et des enseignants de l’Université et permet de poursuivre l’infusion des pratiques de la fabrication numérique dans les techniques pédagogiques et les projets. Ces événements ont surtout permis d’ouvrir l’Université à d’autres publics : habitants, entreprises, associations, …

Epitech a continué à développer l’usage du LabFab auprès des étudiants, cette année, notamment au travers du programme de la Moonshot, mobilisant les étudiants de 3ème année, en abordant très largement la thématique du numérique responsable, de la donnée ouverte et de l’open-source. Les étudiants d’Epitech ont aussi continué à participer au développement de projets au sein du LabFab, comme le Petit Doudou Conso (projet issu d’un DataMix). Aussi, les étudiants ont été très actifs lors des marathons créatifs et évènements du LabFab étendu. Une quinzaine ont participé à ReCycle ou à DataMix, et d’autres viennent régulièrement dans les LabFabs. 

Le LabFab de l’Université Rennes 1 est un « Teaching Lab » quis’est développé autour d’ateliers pédagogiques en 2022, avec la mise en œuvre d’un programme en complément et en alternance aux OpenLabs du mercredi après-midi. Le LabFab a su développer son audience en construisant notamment des ressources pédagogiques pour les enseignants de l’Université Rennes 1 . Par exemple, les jeux sérieux, ou escape games servent de prétextes pédagogiques. Il reste un chemin considérable à parcourir pour réussir à infuser la culture « Makers » au sein de l’Université. La FabLab Manager y œuvre et pourra s’appuyer sur les ressources du LabFab étendu.

LabFab IMT Atlantique propose un nouveau lieu, ouvert depuis 2021 au sein du Campus IMT. Cet espace a notamment été utilisé dans l’élaboration de nouveaux MooCs (Massive Open Online Courses) sur les sujets de la programmation Python et sur l’usage de la carte électronique Galaxia (carte électronique fabriquée en France). Ces deux MooCs, en préparation durant 2022, seront publiés en début 2023 afin de compléter le parcours de 5 MooCs autour de la fabrication numérique (découverte, programmation, modélisation 2D et 3D, …). On compte à date plus de 200 000 utilisateurs de ces MooCs, à travers le monde. Le LabFab de l’IMT s’est aussi engagé cette année dans la reconduction du cursus « Tremplin Numérique », avec les Petits Débrouillard et Pôle Emploi, afin de former et réinsérer une douzaine de participants dans la vie active grâce à l’usage de la fabrication numérique. Cette expérimentation est probante. 

Ouvert en septembre 2021, l’EduLab Pasteur a développé son collectif de partenaires en 2022 et largement contribué au LabFab avec des ouvertures en OpenLabs et SuperLabs ou dans le cadre de ses activités. L’EduLab a ainsi développé et animé différents collectifs : sur l’usage numérique dans les écoles de la Ville de Rennes, l’accueil d’évènements comme un OpéraReMix organisé avec l’Opéra de la Ville de Rennes ou par des projets collaboratifs avec l’accueil en résidence de designers et artistes. L’exposition de projets Makers durant l’été 2022 a permis des ouvertures vers un plus large public.

My Human Kit a développé ses activités, au travers des interventions que peut faire l’association en milieu scolaire (collèges, écoles, …) ou dans le cadre de partenariats (comme avec Ariane Group, qui s’est traduit par l’organisation d’une nouvelle édition de Fabrikarium en Octobre 2022 à Rennes), en complément de la réouverture des OpenLabs cette année.

Le LabOcesson anime des ateliers et OpenLabs tous les mercredi soirs. Des ateliers ont été proposés tout au long de la fin de l’année, sur les thématiques de la modélisation et l’impression 3D, …

L’Atelier Commun a entamé une transition à partir de 2022, par le départ de son FabManager, de la restructuration de l’association et du déménagement de l’Atelier vers les Halles en Commun, dans le quartier de la Courrouze. Cette transition est actuellement en cours, avec un rapprochement et une intégration du projet de l’Atelier Commun dans l’association de la Belle Déchette. Certaines activités comme « Precious plastic » vont ainsi être prolongées. Des réflexions sont en cours dans le développement de l’activité et dans la recherche d’un modèle économique. 

Après un lancement en Juin 2020 puis une première année d’exploitation pleine en 2021, Comme un établi a pu tester son modèle d’affaire en 2022, lié au fonctionnement de la coopérative : recrutements d’artisans en Septembre, départs d’Artisans avant l’été, … 2022 a été pour la coopérative une année intense qui a ouvert les portes de son atelier pour accueillir les Journées Européennes des Métiers d’art, le Bal Pirate au mois d’avril et le Noël des Établis il y a quelques semaines ! Comme un établi est devenu partenaire du dispositif Sortir! . Le label « Manufacture de Proximité » a été obtenu. Cette première année pleine nécessite une cartographie plus précise pour engager une réflexion/action sur le développement du lieu. C’est en cours, facilité avec l’appui financier de la labellisation Manufacture de Proximité. La communauté des participants grossie et les deux prochaines années doivent servir à imaginer un modèle économique pérenne pour la coopérative. 

L’année 2022 de l’Atelier Partagé situé sur la commune de Betton, a permis de développer les activités Repair Café et la mise en place d’ateliers (accompagnements numérique, écriture, oralité, …) en complément des OpenLabs le mardi soir et samedi après-midi, repris à la rentrée de Septembre. L’enjeu de l’association aujourd’hui est le renouvellement du bureau : l’association est dynamique avec un grand nombre d’adhérents, mais il y a peu de rotation dans la gouvernance. Ce renouvellement permettrait de développer des nouveaux projets ou de nouvelles approches. La participation au réseau LabFab donnera un atout supplémentaire pour se connecter à de nouveaux projets. 

La Volumerie, a développé un axe important autour de la filière bois en 2021 et en 2022, avec le développement de la circularité des matières bois. Le modèle de la Volumerie reste singulier : agence de scénographie, les deux chefs d’entreprises ont souhaité ouvrir et mettre à disposition les machines de l’atelier, ayant beaucoup fréquenté le LabFab de l’EESAB dans le lancement de leur activité. Installés à Broons, l’activité LabFab est portée par l’association du LabFab de la Volumerie, permettant d’ouvrir des machines professionnelles au grand-public. Les expériences autour de l’écoconception et de la circularité du bois et des installations évènementielles ont pu être partagées avec FabCity Paris, car il s’agit de penser le passage à l’échelle. Ces échanges devront permettre en 2023 d’équiper l’Atelier d’outils développés et en fonctionnement, notamment à la Ressourcerie du Cinéma (Montreuil). 

b – Les évènements du LabFab étendu

2022 a été l’année du retour de nombreux évènements publics après la période de contraintes sanitaires : des ateliers, des évènements grands publics et des ReMix. Ainsi, de Mars à Décembre, le LabFab étendu a organisé, animé et participé à de nombreux évènements, aussi bien localement qu’à l’échelle régionale. 

  • Les ateliers capteurs de qualité de l’air – Sensor Community 

Tout au long de cette année, le LabFab étendu a continué de proposer et d’animer des ateliers capteurs de qualité de l’air, permettant la découverte de la fabrication numérique, de l’électronique et la qualité de l’air. Cette démarche active permet aussi de continuer à voir éclore des capteurs et donc faire germer des données environnementales. Ces ateliers, très pédagogiques et imaginés depuis 2018 dans un format de 2h, ont ainsi pu être reproduits suivant les sollicitations et les opportunités : l’animation d’ateliers auprès de FabLabs bretons (Quimper, Vannes, Saint Brieuc, …) ou lors d’évènement dédiés au numérique ou à la fabrication numérique (lors de l’effet numérique à Montfort Communauté en Mai ou à Nantes Maker Camps en Juillet).

Ces participations permettent de développer le réseau de contributeurs à la cartographie mondiale du projet Sensor.community (…merci Pierre-Jean 🙂 , mais aussi de partenaires du LabFab étendu, par des pratiques créatives et conviviales. Surtout, par ses croisements, les ateliers ont été observés par des équipes spécialisées en Sciences Humaines et Sociales (SHS) du Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM) tout au long de l’année, notamment sur le développement de la pédagogie des « littératies numériques et environnementales« . Ces observations ont contribué à engager des travaux de recherche. Par exemple : Le Conseil Départemental des Côtes d’Armor a sollicité le Service Numérique pour venir animer une séance pédagogique sur les capteurs. Un capteur en kit a été remis à chaque Communauté de Communes et celui-ci sera suivi et ses données ouvertes relayées par le portail départemental. Cette démarche est un projet qui sert de commun et de prétexte pédagogique. 

Le Service Numérique et le LabFab ont toujours promu des dispositifs qui mettent le numérique (et précédemment les TIC) au service des enjeux car le numérique est un moyen.

La donnée fait partie des ingrédients fondamentaux du numérique. Cet atelier capteur est un bon prétexte pour parler de données avec des citoyens. Aussi, nous constatons qu’une fracture se creuse entre ceux qui peuvent, savent utiliser ces ingrédients et ceux qui sont laissés de côté. La peine est double car ces données ont d’autres finalités, ici par exemple, mesurer la qualité de l’air. Le LabFab a donc mis en place des ateliers, comme prétexte, pour mesurer la qualité de l’air et aussi la littératie numérique induite afin de rendre exploitables les données pour des non-scientifiques en termes de recherche, d’analyse et d’interprétation.

Cette démarche sera poursuivie et partagée auprès d’autres dispositifs comme celui des conseillers numériques. Il s’agit de valoriser l’expérience du LabFab qui a mis en œuvre des ateliers participatifs simples accessibles à un large public et appuyés sur des objets connectés à assembler, des interfaces cartographiques sur les données de la qualité de l’air en coopération avec l’initiative européenne open source « Sensor community ». Il est donc possible de mesurer les parcours d’apprentissage à l’usage des ingrédients fondamentaux du numérique. Les participants sont donc néophytes et viennent découvrir en petits groupes des briques essentielles qui composent le numérique : composants électroniques, connexion réseau, production de données et réutilisation, interface graphique, licences libres, communs. Ils repartent avec un capteur pour devenir producteurs de données. Le dispositif est donc conçu pour s’auto alimenter grâce à la participation citoyenne à la manière d’un Wikipédia tangible. Un Open Badge de compétence est remis aux participants.

Cette démarche devrait se poursuivre en 2023, notamment auprès de la Direction Aménagement Urbanisme Habitat de Rennes Métropole avec la réalisation de capteurs pour déclencher une réflexion sur nos pratiques et l’intégration des données, de la participation citoyenne et des LowTech (Atelier programmé le 23 janvier 2023). 

Cette trajectoire du capteur au territoire est en test. À l’occasion du Forum des Usages de Brest, le LabFab étendu et l’équipe de FabCity Brest ont imaginé et proposé un parcours autour des sujets des FabCity, sur les trois matinées, avec une session dédiée aux projets contributifs dans l’alimentaire et dans la mesure de la qualité de l’air. Ces trois matinées ont permis de mettre en valeur les pratiques observées sur les territoires, mais aussi le modèle dans lequel ces actions s’inscrivent : le mouvement FabCity, globalement connecté sur des pratiques répliquées localement : ces ateliers « capteurs environnementaux » s’inscrivant dans une démarche de coopération internationale.

  • Les évènements grands publics – L’organisation de Fabrique! et la participation aux évènements régionaux : 

Concernant les événements autour de la fabrication numérique ouverts à un large public, l’année 2022 a vu la participation du LabFab à Nantes Makers Campus et à Tech Inn Vitré. Il s’agit de deuxévénements phares qui ont trouvé leur place dans le calendrier. Nantes Maker Campus a eu lieu sous les nefs de l’ile des Machines de Nantes en Juillet dernier. Une cinquantaine de FabLabs et acteurs de la fabrication numérique y ont participé. Les organisateurs de ces événement, MakeMe sont membres du LabFab et animent une large communauté de makers en France via des événements et une NewsLetter reconnue. MakeMe est hébergé à la Maison des associations de Rennes ce qui apporte forcément une proximité avec le LabFab. 

MakeMe est aussi co-organisateur d’évènements rennais autour du numérique, et notamment Fabrique! avec l’association BUG. 

Cette année, une nouvelle édition de Fabrique! a enfin pu être organisée, après deux ans d’absence. Cet évènement gratuit et ouvert à tous est proposé par un collectif local composé de l’association Bug, les Espaces Publics Numérique de Rennes, MakeMe et le LabFab étendu. Il est soutenu par Rennes Métropole (convention portée par le Service Numérique).

Ces deux jours ont été l’occasion pour plus de 3 000 personnes de découvrir et redécouvrir le monde de la fabrication numérique, sur trois lieux : l’Esplanade Charles de Gaulle, la Maison des Associations et le 4Bis.

Cette affluence n’a pas toujours été simple à gérer, et doit être perçu comme un signal positif par rapport à l’attente du public de pratiquer d’autres formes de numérique plus tangibles, et donc de participer à des projets de fabrication numérique dans notre société.

Pour preuve, la journée dédiée aux écoles, le vendredi 23 septembre, a été prise d’assaut par les enseignants. Ils sont venus en nombre, saisissant cette opportunité de sortir de l’école pour toucher au numérique sous toutes ses formes.  Près de 1000 élèves des écoles des communes de Rennes Métropole, avec 38 classes de CM1 et CM2 ont été accueillies sur l’évènement.

Cette nouvelle édition a été l’occasion de proposer une programmation riche et variée, allant de la réalisation d’objets en papier avec Nonitt Paper Sculpture, à la robotique avec les conseillers numériques de la Ville de Rennes et Rennes Métropole, la découverte de ViKarts montés dans les EPN et au sein du LabFab rennais, la découverte de la fabrication numérique avec le TeachingLab de l’Université Rennes 1 et le LabFab de la Maison des Associations, …

Un premier Maker Music Festival avait également lieu en harmonie avec Fabrique! sur l’Esplanade et ce fut l’occasion de découvrir des oeuvres et discuter avec leurs créateurs. Cet événement a montré un gros potentiel à cultiver et des connexions à construire avec des acteurs déjà installés sur le territoire. 

Fabrique! provoque des connexions entre une diversité de propositions d’ateliers. Cette année, une équipe de Leroy Merlin Chantepie est venue animer un atelier pour construire des mangeoires pour oiseaux. C’est un prétexte pour tester et travailler sa dextérité. Celui-ci a rencontré un beau succès, et le bricolage comme les métiers manuels ont certainement beaucoup d’avenir auprès des plus jeunes. 

Le succès populaire de l’événement Fabrique! montre l’intérêt à poursuivre ces animations ouvertes autour de la fabrication numérique. Cette autre voie pour pratiquer le numérique, très concrète, ouvre des possibilités pour agir chacun et collectivement sur une empreinte environnementale à alléger. Les échanges avec les visiteurs nourrissent ces futurs projets et participent ainsi à un apprentissage collectif du territoire. Un public familial était au rendez-vous, et tous se posent des questions sur leurs pratiques du numérique, sur les impacts pour notre société, ou encore pour s’inspirer et trouver des idées de métiers et d’études. 

Rennes Métropole soutient la démarche et Yann Huaumé (Vice-Président au Numérique et Maire de Saint Sulpice la Forêt) est venu à la rencontre des animations et des visiteurs.

Des ajustements seront cependant nécessaires en 2023 pour reproduire un évènement de ce type : le succès populaire témoigne de l’intérêt pour l’éditorialisation de l’évènement sur « un autre numérique ». Et, malgré ce succès populaire, des difficultés de coordination, d’organisation, conjuguées à la hausse de prix des prestations (la location du chapiteau et son montage notamment) amènent à se questionner sur le montage d’un évènement de ce type pour l’année à venir. Financièrement d’abord, en limitant les coûts inhérents au montage de l’évènement, en ayant par exemple recours à un montage technique par les services de la Ville de Rennes. Aussi sur le modèle économique de l’évènement, qui repose aujourd’hui essentiellement sur une subvention apportée par Rennes Métropole. Des pistes pourraient être envisagée à l’image du montage du Forum des Usages Coopératifs de Brest, avec un cofinancement de l’État, de la Région, … ou encore d’entreprises car des demandes d’acteurs économiques privés ont été formulées pour s’investir dans cet événement. Dans l’organisation enfin, où la transformation possible des approches pédagogiques dans les écoles de la Ville de Rennes sont finalement peu valorisée et creusée au fil de l’année : la programmation de Fabrique! apporte un éventail d’approches complémentaires sur le numérique, mais nécessiterait une coordination à l’année pour sa diffusion dans les pratiques scolaires. A minima, il pourrait simplement être proposé aux écoles lors de leur inscription à Fabrique! , un petit programme à réaliser sur l’année, afin de cultiver les pratiques du numérique et d’aboutir à une reconnaissance des compétences acquises. 

Bien que soulevant des interrogations et des ajustements à prévoir, il sera important de capitaliser sur cet évènement et ces approches, contribuant directement à la stratégie numérique responsable et au projet de territoire porté par Rennes Métropole.

La dynamique de Fabrique! est aussi à imaginer dans les communes de la Métropole, via les évènements locaux, et notamment Pixel Day dans sa 2e édition, à Vern-sur-Seiche en Octobre dernier, où le LabFab a renouvelé sa participation à la journée de découverte autour du numérique en animant, avec les conseillers numériques de Rennes Métropole, un jeu sérieux imaginé lors du marathon créatif ReCycle : Terrabyte. Ce projet permet de sensibiliser aux limites environnementales, économiques et sociales du numérique. Au travers de ce parcours des projets imaginés et conçus durant les événements accompagnés par le LabFab, on perçoit bien l’effet capacitif produit, et surtout le potentiel à exploiter. 

Venir accompagner l’émergence d’un événement sur le numérique dans une commune de Rennes Métropole a été une expérience positive. Les projets développés avec les membres du LabFab trouvent un bel accueil auprès des publics et donc produisent l’effet pédagogique escompté.

  • Les marathons créatifs – ReCyle et DataMix : 

S’inspirant des méthodes imaginées et éprouvées par différentes communautés mondiales, les acteurs du LabFab étendu organisent tous les ans des marathons créatifs de type ReMix depuis 2015. Initialement imaginé dans le cadre des musées, avec l’organisation de MuséoMix plaçant les visiteurs comme contributeurs et acteurs du musée, cette méthode a pu être appliquée à tout type de thématique, notamment à Rennes avec l’appréhension du sujet de la Mobilité (MétroMix), du « Mieux vieillir à domicile » (MaisonMix), de la sobriété énergétique et numérique (DataMix). Deux ReMix ont, cette année, été organisés par le LabFab : ReCycle et DataMix.

ReCyle : 

Imaginé et co-organisé par l’association Bug, le LabFab étendu et Rennes Métropole, ReCycle a été le marathon créatif autour de la circularité des filières électroniques et du textile en Mars 2022. L’ensemble de cet évènement a été co-construit avec Communautique, le FabLab de Montréal, qui a organisé des rencontres autour du textile au même moment, via différents échanges en visio. Cette coopération internationale, en amont de l’évènement, a permis de mettre en commun des ressources et des approches qui ont pu bénéficier aux évènements rennais et montréalais. 

À Rennes, durant 3 jours, 70 participants ont ainsi pu imaginer et prototyper des projets à l’aide du LabFab de la Maison des Associations suivant les trois règles des ReMix : unicité de lieu (la Maison des Association), unicité de temps (3 jours de prototypage), et unicité d’action (une thématique commune : la circularité des filières textiles et électroniques). 


ReCycle a commencé par les interventions inspirantes d’Héloïse Dano (Ecologeek, la Fresque du Numérique) et de Benjamin Danjou (Comme un Etabli). Les participants ont pu alors s’approprier les concepts clefs des limites de l’usage numérique (consommation de terres rares et minerais, pollution importante causée par les déchets numériques, …) mais aussi des enjeux de la filière textile et des contraintes que peuvent représenter des relocalisations de productions textiles, avec le retour d’expérience des artisans de la SCIC Comme un Etabli. Avec cet apport d’expérience et cette inspiration, les équipes, constitué par des profils pluridisciplinaires, ont alors imaginé, designé et produits 7 projets. Dans ce processus de création, les participants ont été accompagner par des facilitateurs et facilitatrices, leur permettant d’affiner leur projet, de les questionner mais aussi mobiliser les ressources disponibles durant les 3 jours : des experts rennais des filières, des chargés de missions de Rennes Métropole, des acteurs du monde économique, mais aussi des relais vers des ressources du territoire, ou à Montréal (designers, …).

Les 7 projets prototypés lors de ReCycle : 

  • L’envers, un projet de Tiers-Lieux productif autour du textile et de son recyclage ; 
  • ImpACT, une plateforme de score pour le textile ; 
  • Terrabyte, un jeu sérieux autour des limites écologiques, économiques et sociales du numérique ;
  • Élémentel, un serious game sur l’obsolescence programmée ; 
  • LIN’TEMPOREL, des designs de vêtements permettant de concilier la mode et l’empreinte carbone ; 
  • Crassos Numericos, un jeu de plateau visant à sensibiliser à l’allongement de la vie des terminaux numériques ; 
  • Repair Tag, un système de scoring permettant d’améliorer la visibilité de la réparabilité auprès des consommateurs.

L’ensemble de ces productions sont documentés sous licences ouvertes : c’est l’un des principes forts des ReMix du territoire afin de permettre la pérennité et le développement des projets après l’évènement. L’ensemble de l’évènement est tracé sur le wiki de territoire, Wiki-Rennes : http://www.wiki-rennes.fr/Re_Cycle

Les participants se voient remettre un Open Badge qui identifie des compétences acquises durant ReCycle. 

Il est à noter que tous les participants faisaient leur premier ReMix (sauf deux d’entre eux). Ce fut donc aussi un recyclage pour les organisateurs afin d’améliorer continuellement la méthode avec les parties prenantes. 

Ainsi, des projets ont déjà pu être réutilisés ou améliorés, c’est notamment le cas des jeux sérieux Terrabyte ou Elementel, utilisés par les LabFabs ou les Maisons de Quartier pour sensibiliser aux limites et enjeux du numériques. Terrabyte est aussi utilisés par les Conseillers Numériques de la Ville de Rennes et de Rennes Métropole dans leurs médiations, et des itérations sont prévues sur 2023 pour améliorer le jeu suivant les retours qu’ils ont pu relever lors des animations. 

Notre territoire est donc avec le LabFab en capacité de générer ses propres outils pédagogiques pour engager la sensibilisation et le passage à l’action pour un numérique plus responsable. 

DataMix : 

Un second ReMix a été animé à Rennes le 9 et 10 Novembre 2022 : co-organisé avec ENEDIS, DataMix était une troisième itération d’un marathon créatif autour de l’énergie, dans le prolongement des éditions de 2019 et 2020, visant à imaginer des solutions pédagogiques, d’accompagnement ou de démonstrations autour de la sobriété énergétique. Il s’agit donc d’un partenariat qui s’est construit depuis plusieurs années (5 ans) avec l’intuition qu’il fallait concevoir et mettre en œuvre des événements participatifs pour croiser des idées diverses et faciliter leur développement. Un territoire (Rennes Métropole), un industriel de l’énergie (Enedis) et un réseau de FabLabs (le LabFab étendu de Rennes Métropole) en sont donc les co-organisateurs. Ce « marathon créatif » a réuni une quarantaine de participants et des animateurs pour cheminer vers des prototypes avec pour objectif la sobriété énergétique. La diversité des porteurs conduit très logiquement à rechercher une variété de profils dans l’animation et chez les personnes qui vont proposer et prototyper des projets. 

À l’instar des ReMix organisés sur le territoire, DataMix s’appuie sur la même méthode : facilitation des participants aux compétences diverses, apports de ressources pour les participants, unicité de lieux et coopération entre les équipes. L’ensemble des projets sont documentés, comme pour les précédentes éditions, sur le wiki du territoire, wiki-rennes : http://www.wiki-rennes.fr/DataMix  pour l’édition 2019, http://www.wiki-rennes.fr/DataMix2  pour l’édition 2020, http://www.wiki-rennes.fr/DataMix_2022 pour cette édition.

Chaque projet continue à se développer dans l’esprit d’ouverture apporté par la licence creative commons. Le but est de partager largement pour s’offrir encore plus de probabilité de réussite.

Les cinquante participants se sont retrouvés à l’Eclozr pour cette édition, et ont pu bénéficier de l’inspiration d’Hélène Chauviré du cabinet Carbone 4, experte reconnue, permettant d’apporter un vocabulaire et des éléments communs à l’ensemble des participants. En s’appuyant sur les approches du Shift Project (la sobriété dans les transports, la sobriété dans l’habitation, la sobriété dans la ville, …), les équipes se sont assemblées et ont prototypées 3 projets, accompagnés par les facilitateurs et les ressources mises en place pour l’évènement (LabFab, développeurs, …) : 

  • Super Nergie : un parcours d’accompagnement à mesurer ses consommations énergétiques à partir du Linky et d’objets connectés ;
  • Douguenn : une plateforme de mobilité locale, offrant une mise en relation en alternatifs à la voiture individuelle permettant de qualifier les trajets (coût carbone, sécurité, …) ; 
  • Mamie a dit : un réseau social animé localement pour faire connaître les « astuces de grand-mère » et valoriser les pratiques sobres.

À la suite de cet évènement, des développements ont alors été réalisés à partir des prototypes, notamment à partir de briques imaginées et prototypées dans les groupes. Le Design d’une carte électronique a été effectué en fin 2022 par l’équipe de Super Nergie afin de récupérer les informations du Linky et pouvoir y disposer en temps réel. Ces développements viennent nourrir des projets sur le territoire : il est envisagé d’intégrer les développements autour de la donnée Linky dans les futurs MooCs de la Fabrication Numérique élaborés par les équipes pédagogiques de l’Institut Mines Télécom de Rennes. 

Cette démarche pour ouvrir et valoriser les données du compteur Linky, impulsée par le LabFab avec la complicité d’Enedis s’inscrit dans la logique de la FabCity qui apporte de la capacité d’agir aux citoyens. Il faut réussir à rendre désirable (simple, accessible au plus grand nombre, valorisant et impactant) l’accès aux leviers, comme les données, qui auront des résultats sur nos consommations et donc notre empreinte. 

Le programme et les thématiques des ReMix animés par le LabFab et Rennes Métropole n’est pas arrêté pour 2023. Il est intéressant de temporiser et de voir comment les « anciens » participants vont s’approprier cette façon participative et très opérationnelle pour déclencher des initiatives. 

L’AATF (Association des Administrateurs Territoriaux) a organisé un ReMix en format accéléré le 7 décembre 2023, en s’appuyant sur l’expérience du Service Numérique, et sur la thématique de l’impact environnemental des politiques publiques. 

Des étudiants de Sciences Po Rennes ont sollicité le Service Numérique, à la demande de l’AUDIAR, pour organiser un ReMix courant 2023. Depuis plusieurs années, d’autres collectivités sont également très intéressées pour reprendre cette démarche. On trouve aujourd’hui des animateurs qui en font leur activité et un certain nombre est venu se former dans les ReMix sur Rennes Métropole. 

c – La communication du LabFab comme terrain d’expérimentation ?

Depuis la mise en œuvre du réseau du LabFab étendu, il a été testé différents outils collaboratifs et de communication, parmi lesquels, le site web du LabFab. Celui-ci, développé et hébergé par l’association Bug, reposait sur des briques techniques vieillissantes pouvant présenter des failles de sécurité et surtout, sur un très grand nombre d’articles et d’illustrations sans une réelle éditorialisation. De ce fait, le site était devenu un espace d’archivage, et les réseaux sociaux (principalement Twitter) permettaient de relayer les informations sur les événements du LabFab et de ses membres. Aussi, l’hébergement de l’ancien site web du LabFab représentait plus de 30Go de données stockées : un poids très important et consommateur de ressources, donc en contradiction avec les valeurs défendues par les membres du LabFab. Il fallait réagir. Le Bureau de l’association LabFab a décidé de lancer une expérimentation en 2021 puis 2022 après quelques séances de design. Le développement d’un nouveau site web a alors été imaginé et défini par les acteurs du LabFab étendu. 

En 2021, une analyse par une étudiante en e-communication (École 301 – Gwenaëlle Rostren) a révélé le potentiel non exploité par le LabFab. Le site se devait de devenir la pierre angulaire d’une architecture composée également de médias sociaux.

Pour autant, il ne faut pas perdre toutes les ressources en ligne. Les articles du site témoignent des activités, et du parcours du LabFab ces 10 dernières années. Ce contenu sert à la fois de jalons et de perspectives : Mesurer le chemin parcouru et le rendre visible le plus largement possible, et se projeter sur des futures actions. Cela apporte aussi de la caution au LabFab qui souvent s’est lancé bien avant les vagues de communication pour défricher des thématiques mis en lumière par les observations de notre société numérique et de ses pratiques. 

Cette expérimentation concrète pour un nouveau site Internet, s’est lancée à partir de la fin 2021, en incluant les membres du LabFab dans la démarche. Ils ont déjà tous leur propre outils et démarche de communication. Afin de diminuer l’empreinte carbone du site web du LabFab, un design sobre a été élaboré, limitant aussi le temps de chargement, bénéfique pour des internautes n’ayant pas de machines ou de connexions performantes. Un parti pris graphique a été alors imaginé avec un groupe de travail du LabFab étendu. Celui-ci n’a pas été totalement abouti en 2022, mais c’est une expérience formatrice. Il n’est pas simple de s’engager dans une décroissance numérique. Pour quelles raisons ? 

Culturellement : Le parti pris graphique, souhaité très sobre, donne un résultat très (trop) sobre, et donc décalé par rapport à la « norme » culturelle. Un gros travail esthétique reste à concrétiser. Ensuite, le volet communication pourra être travaillé. 

Techniquement : L’association BUG porte le développement du site et mobilise une ressource qui doit maîtriser le code de programmation jusqu’à ses limites pour réussir à intégrer les modifications souhaitées par les membres du LabFab. 

Malheureusement, une grande partie du contenu n’a pu être rapatrié : la migration n’a pas permis de reprendre le contenu précédent du site web. 

La version 1.0 sortie au début 2022 n’apporte pas satisfaction. Ce n’est pas encore un outil au service de la communication du LabFab. Il s’agit d’un prototype d’un portail sobre. 

Différents essais et réflexions ont été entrepris sur le second semestre 2022, avec le groupe de travail impliqué sur le site web. Deux actions ont alors été entreprises afin d’améliorer le prototype réalisé par l’association Bug, et seront en cours sur l’année 2023 : 

  • Itérer la charte graphique existante du site web avec l’aide d’un graphiste (travail sur l’esthétique) ;
  • Améliorer le contenu du site web afin de rendre l’information plus accessible tout en valorisant l’historique (en récupérant la totalité des archives du précédent site web).

Ces démarches dépendantes l’une de l’autre (l’information doit être claire dans le contenu mais aussi visuellement) seront menées sur le début de l’année 2023 afin de récupérer l’audience perdue par la mise en œuvre de la nouvelle version du site web du LabFab étendu. 

Il faudra aussi remobiliser les membres du LabFab pour qu’ils soient rédacteurs d’articles.

La remise en place du site web est d’autant plus fondamentale qu’elle participe à la visibilité du LabFab sur Internet, et permet de regrouper des informations présentes sur Twitter (actualités, promotions d’articles, interactions avec des usagers ou des partenaires) et sur Youtube (vidéos présentant des projets du LabFab). Ces deux présences sur les réseaux sociaux sont conséquentes (6500 personnes sont abonnées au compte Twitter du réseau, et les vidéos Youtube ont des audiences entre 2000 et 8000 visionnages, avec un pic à 80000 vues). Ces vidéos, produites par l’association Bug, permettent de valoriser et garder trace de projets développés au sein du LabFab, mais aussi de cultiver l’audience. 

Ces deux plateformes, seront mobilisées en 2023, dans la valorisation des travaux du LabFab étendu et de la dynamique du territoire. 

d – Ambassad’ondes : du prototypage à la pédagogie sur les télécommunications. 

Les expériences acquises suite aux ateliers pédagogiques dans les LabFabs peuvent s’appliquer à de nombreux domaines (de l’électronique, aux micro capteurs, de la qualité de l’air, jusqu’aux réseaux télécoms (LoRa ou 5G) … avec de nombreuses expérimentations concrètes). 

Après avoir imaginé et documenté les ressources nécessaires à un atelier autour des sujets 5G durant l’année 2021, il a été possible en 2022 d’expérimenter dans l’espace public un atelier de 2h afin de découvrir le fonctionnement des réseaux de télécommunication mobile dans la ville. Cet atelier fait suite aux préconisations issues de la Mission 5G sur la Ville de Rennes, où les participants à cette mission citoyenne ont formulé la demande de capteurs d’ondes dans la Ville et de mesures pour mieux comprendre l’environnement électromagnétique et les impacts de l’arrivée d’une nouvelle technologie comme la 5G. 

Ambassad’ondes est donc une séance sous la forme d’un atelier « balade urbaine » avec des arrêts pour découvrir des éléments sur la téléphonie mobile et les usages. Cet atelier a été testé à l’été 2022 et en fonctionnement, sur demande. Un calendrier sera proposé sur 2023. L’atelier Ambassad’Ondes a été animé durant plusieurs séances en phase expérimentale devant des publics choisis (enseignants en télécoms, étudiants, chercheurs en sciences sociales, l’élu délégué au numérique de la Ville de Rennes, des agents de collectivités locales confrontés aux demandes d’installation des opérateurs, …). Par itération, durant les balades apprenantes dans le centre-ville de Rennes, par le Service Numérique, le format et le contenu d’Ambassad’Ondes a pu être amélioré grâce aux retours des participants experts sollicités. 

Élaboré à partir de ressources comme Cartoradio de l’ANFR ou les Dossiers d’Information Mairie remis par les opérateurs à la Mairie de Rennes, ce parcours urbain permet de découvrir la matérialité du numérique et des télécommunications dans l’aménagement urbain, et donc, la matérialisation de nos usages numériques. Le volet santé & environnement est abordé avec, par exemple, la description des formes de propagation d’ondes suivant les installations rencontrées dans la ville.

Ces animations ont permis de créer un outil mobilisable dans le cadre du LabFab étendu, comme dans le cadre du Guichet Unique de Téléphonie Mobile mis en place en 2022 sur la Ville de Rennes. La prochaine étape sera de tester Ambassad’Ondes avec les membres du Comité de suivi du Guichet Unique de la Téléphonie Mobile. Puis, il pourra être proposé directement à des groupes de citoyens. Les membres du CCNR pourront en avoir la primeur.

Ce format, d’une heure trente, pourra être rejoué très facilement auprès des publics des LabFabs, des agents des collectivités locales (Ville de Rennes / Rennes Métropole, Conseil départemental, Région, …). Ambassad’Ondes est documenté sur le Wiki-Rennes en licence libre et donc il a vocation à se diffuser et à se transformer. L’objectif principal est d’ouvrir des connaissances et de les voir circuler. On peut imaginer en 2023, des itérations à partir du format défini par le Service Numérique, sur des quartiers rennais ou d’autres villes de la Métropole, ou d’ailleurs … 

À terme, à chaque nouvelle implantation d’antennes, ne faudrait-il pas proposer un Ambassad’Ondes aux différentes parties prenantes dans le quartier concerné ? 

e – Des projets documentés, ouverts, permettant des contributions directes au mouvement FabCity

L’ensemble des activités du LabFab étendu s’inscrit assez spontanément dans le cadre plus global et plus durable de la FabCity. Né au FabLab de Barcelone sous l’impulsion de son fondateur Tomas Diez, en 2014, le mouvement FabCity s’est depuis étendu au sein d’un réseau international de 38 villes aujourd’hui (Paris, Londres, Rio, Montréal, …), dont Rennes depuis 2019. FabCity se positionne comme un ThinkTank international dont l’objectif est de proposer un nouveau modèle urbain résilient s’appuyant sur l’inventivité et les ressources locales, par le prototypage de projets et l’essaimage des pratiques de construction de projets en pair à pair. 

Cette démarche est structurée, de manière opérationnelle, en trois parties : 

  • La fondation FabCity : en charge de la gouvernance et de la recherche de financement pour prototyper des projets sur les territoires ; 
  • Le collectif FabCity : un groupe international de bénévoles, en charge de développer les outils économiques ou numériques (plateformes, business plan des projets, …) permettant de développer les projets de la FabCity ; 
  • Les villes FabCity : un réseau de 49 membres regroupant 38 villes (dont Rennes), animant localement un collectif et des projets, dans une logique de ville résiliente à l’horizon 2054.

L’ensemble des actions entreprises en 2022 a été réalisé dans le prisme de la FabCity pour les acteurs du LabFab : que ça soit les évènements comme ReCycle ou DataMix, ou alors les expérimentations menées sur la partie logicielles et le web par l’association Bug, ou alors sur le matériel par la Volumerie ou Comme Un Etabli. Ce mouvement rassemble les membres du labFab et leur donne un cap. Ci-dessous, le manifeste des FabCities. La stratégie numérique responsable de la Ville et Métropole de Rennes est finalement très proche de ce manifeste. 

L’ensemble de ces communs et de ces prototypes sont observés par la coordination internationale des FabCities, où des échanges tous les trimestres avec la coordinatrice permettent la diffusion des pratiques rennaises dans le réseau. Ces communs sont aussi valorisés dans le cadre de la constitution de FabFrance, processus d’échange et de co-construction qui s’est déclenché en Octobre 2021 avec les acteurs français et qui s’est structuré en 2022.

La construction de FabFrance : Le réseau FabCity intervient dans une dynamique de politiques publiques et d’ambitions transversales portant sur : l’économie circulaire, l’entrepreneuriat social et solidaire, l’innovation, la réintroduction d’unités de productions industrielles en ville, le développement d’outils participatifs permis par le numérique, les mobilités, l’énergie, l’alimentation, …L’objectif de FabCity est de produire localement, dans des villes et des citoyens connectés à l’échelle internationale (« localy product in global cities« ).

Ce réseau et ces coopérations, en constructions, se sont matérialisées depuis le début 2021 par des échanges trimestriels entre les porteurs de projet français, à l’initiative de Toulouse et Rennes. Ces tables-rondes permettent de mettre en commun l’actualité et les projets de chacun, et construire des actions communes. Ainsi, par exemple, ces rendez-vous ont facilité l’organisation de la partie « FabCity » de l’événement OctoberMake en Octobre 2021 qui a fait participer la plupart des FabLabs français. Cette trajectoire commune qu’est la FabCity favorise l’essaimage d’expériences comme la démarche des microcapteurs environnementaux et citoyens rennais, ou encore, la rencontre de porteurs de projets locaux de l’économie circulaire, dans le secteur du bois, entre l’équipe de ReFlow Paris et des LabFabs rennais, avec plus particulièrement la Volumerie et Comme un établi, directement concernés par la fabrication de meubles. Ces croisements et retours d’expériences permettent d’accélérer des projets sur les territoires : c’est le cas sur le bois, matière en tension pour les professionnels, où le partage d’expériences permet de répondre aux enjeux d’approvisionnement, de recyclage et de surcyclage, en mettant en commun des applications et méthodes, éprouvées à Paris et Rennes, reproductibles chez les acteurs. 

Ces premières actions, initiés en 2021 ont abouti à la structuration de la dynamique nationale en 2022 (FabFrance), portée au sein du Réseau Français des FabLabs. L’ambition, au travers de cette structuration, est de donner des moyens aux FabCity françaises (moyens de communication, d’échanges, de prototypages de projets, …), mais aussi de faire reconnaître cette dynamique au niveau internationale en candidatant dans les années à venir au label 

Une rencontre a été co-organisée à la Banque des Territoires en Mars 2022 dans le cadre du dispositif Hub des Territoires, permettant de présenter la démarche FabCity et son incarnation sur les territoires français à une trentaine de territoires français (communautés de communes pour la plupart). Cette présentation, en deux temps, a vu l’intervention de Tomas Diez, urbaniste à l’initiative du mouvement, et une présentation de chacune des FabCity françaises qui étaient présentes.

Cette démarche FabCity a donc l’avantage d’apporter du sens et de fédérer des acteurs investis dans la fabrication numérique et souvent animateurs de FabLabs. Le réseau LabFab bénéficie également de cette dynamique et apporte réciproquement pour illustrer des actions effectuées localement. 

D’autre part, cette démarche ne peut que préparer le LabFab et ses membres à des situations plus critiques qui demandent une forte résilience et d’être encore plus inclusif. Les crises multiples (environnementale, inflation globale et sur les prix des composants et de l’énergie, …) devraient nous inciter à nous préparer à mettre en œuvre des changements radicaux notamment vers des modèles d’éco-conception de proximité

III – Réflexions sur des évolutions et perspectives 2023.

En 2012, lorsque le LabFab s’est matérialisé certains oracles conseillaient aux collectivités le modèle de la SmartCity. Le LabFab était déjà aux antipodes de ce modèle en prônant l’apprentissage collectif par le faire, les boucles itératives, les licences libres et la sobriété numérique. Les enjeux défendus par le LabFab se révèlent être aujourd’hui prioritaires : environnement, inclusion, …

Le LabFab est reconnu grâce au chemin parcouru qui s’est jalonné d’actions concrètes et inclusives (projets et partenariats) et surtout des nombreuses contributions de ses membres fidèles ou de visiteurs de passage.  Les preuves de l’utilité territoriale du LabFab sont établies.

Pour autant, ce réseau qui a aujourd’hui plus de 10 ans, doit engager sa transformation. Des évolutions seront à mettre en œuvre en 2023 pour répondre aux enjeux de passage à l’échelle pour rendre opérants les prototypes expérimentés ces dernières années. 

Le volet Fabrication Numérique, et donc l’animation orchestrée par le LabFab, est une singularité sur notre territoire qui pourra apporter une capacité à imaginer et prototyper de nouveaux modèles pour un numérique plus responsable. 

En ce début 2023, les crises sont multiples et la situation globale continue de se dégrader. N’est-il pas opportun de penser le changement en y intégrant des modes de résilience. Ces modes sont déjà pratiqués par les FabLabs : frugalité, upcycling, effectuation, … Les LabFabs pourraient alors être plus massivement mobilisés. 

Pour le LabFab, l’année 2023 commence bien le 26 janvier avec une Assemblée Générale, un bilan, et la construction d’un programme partagé d’événements entre les membres. Donc, rendez-vous durant ces événements que nous publierons sur les réseaux sociaux et sur le futur nouveau site Internet du LabFab 🙂   

NDLR : Cet article est forcément incomplet compte tenu du nomnbre de projets portés par les membres du LabFab. Ne pas hésiter à proposer des ajouts.